Monday, April 20, 2009

Le club de la banque classique

Après Paul Krugman, c'est Alain Madelin qui rejoint à son tour le Club de la Banque Classique. Dans un "point de vue" publié par La Tribune de ce lundi 20 avril, il écrit : " La crise financière est avant tout la crise d'une régulation qui a laissé se construire des colosses bancaires trop grands pour qu'on puisse les laisser faire faillite. (..) Les banques commerciales américaines sont sorties de leur métier (..) et se sont lancées dans les métiers des banques d'investissement, à l'instar des banques universelles françaises. (..) elles ont créé des véhicules hors bilan utilisant des leviers d'endettement de 30 ou 40 fois les fonds propres (et plus encore pour les banques européennes)".

Je citais pour ma part, dans l'entrée de ce blog du 15 avril "La faute à l'Amérique", un chiffre de 35 à 1 pour les plus grandes banques européennes contre 20 à 1 pour les plus grandes banques américaines. Et j'ai présenté tout au long du mois cette analyse des responsabilités conjointes des autorités de réglementation et des banques à la fois trop grandes et trop diversifiées ("Pour une finance primitive" le 22 mars,"Break up the banks!" le 3 avril, "Une question de dimension", le 8 avril).

Alain Madelin conclut, comme je le faisais, "Si des banques sont trop grosses pour les laisser faire faillite, il faut en limiter la taille ou les métiers", ce que les lecteurs de ce blog savaient déjà ("Break up the banks!" le 3 avril). C'est, à nouveau, l'avantage de la blogosphère sur la presse papier. Mais il est agréable d'être lu et compris...

Il est dommage cependant que l'auteur ait réduit l'intérêt de l'information qu'il répercute par un titre en forme de clin d'oeil journalistique: "Attention aux réglementations toxiques!". Le problème est beaucoup plus grave et plus fondamental que celui de mauvaises réglementations ou de la réponse du berger libéral à la bergère étatiste: c'est celui de l'avenir d'un capitalisme de collusion qui met en jeu la stabilité de l'économie et favorise la résurgence, à contre courant, des réactions centralisatrices - y compris celles des entreprises -alors que c'est l'incapacité à décentraliser et à évoluer vers un capitalisme concurrentiel - surtout en France et en Europe continentale - qui est à la source du problème (voir la revue Commentaire, hiver 2006-2007, "La crise des capitalisme hiérarchiques").

C'est le problème du futur que des économistes comme Raghuram Rajan (ex "chief economist" du FMI), James Kwak, , Amar Bhidé, ou Simon Johnson, commencent à cerner et analyser: comment aller vers une séparation effective des entreprises et de l'Etat. Un premier constat: les entreprises qui sont trop grandes pour faire faillite sont tout simplement trop grandes pour exister.

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