Wednesday, April 23, 2008

L'Euro (encore): Dix ans pour comprendre ...

Il aura fallu un peu moins de dix ans pour que les vérités économiques élémentaires commencent à être reconnues par les journalistes, les politiques, et les économistes. A commencer par la première d’entre elle : « l’euro, pas plus d’ailleurs qu’une autre monnaie, ne saurait rester durablement surévalué sans porter atteinte aux forces économiques des pays qui l’ont adopté ». Dixit l’éditorialiste du Figaro, Nicolas Barré (23 avril 2008). Qu’en pensent la plupart des économistes français qui ont nié obstinément depuis plus de 15 ans que le franc fort, puis l’euro fort, puissent ralentir la croissance ? On aimerait entendre aujourd’hui l’analyse du propagandiste officiel de l’euro, M. Thibault de Silguy, devenu président d’une grande société commerciale, qui nous assurait – contre toute raison - que l’euro constituerait à l’avenir un bouclier contre les aléas de la conjoncture et contre les errances de la bourse. Comme je l’écrivais en juin 2002 (« Les promesses de l’euro : tout était faux », disponible sur mon site http://www.jjrosa.com, et voir également mon livre de 1998, L’erreur Européenne.) ce mot d’ordre « appartenait au domaine du fantasme et de l’attrape-nigauds ». On aimerait avoir aussi la réaction de Jean Boissonnat, chantre de la monnaie unique qu’il paraît de toutes les vertus, et celles aussi de tous les économistes professionnels qui ont égaré l’opinion par des débats techniques sur le calendrier administratif de mise en place de la future monnaie, sur les risques de manque de « crédibilité » de la future banque centrale, sur l’impuissance de la politique monétaire et l’absence d’impact des taux de change sur l’activité économique, sur la nécessité de centraliser toutes les politiques macroéconomiques, y compris budgétaires, pour pérenniser l’euro, tout ce brouillard de considérations oiseuses pour éviter de débattre des vraies questions, celles des effets d’une monnaie unique et non optimale sur la croissance réelle. Mais ne citons pas de noms, il y en aurait trop…

Bien sur, habitude oblige, le journaliste du Figaro attribue les difficultés actuelles résultant de l’euro cher … à l’évolution de l’économie américaine. Mais qu’a fait, pendant la longue baisse du dollar, la Banque centrale européenne pour modérer l’essor de l’euro ? Va-t-on nous dire encore qu’elle ne peut agir en rien sur le prix du change ? A-t-elle moins de pouvoir sur la monnaie que la Réserve Fédérale ?

Un de mes collègues a probablement mis le doigt sur le vrai problème et la raison de l’acharnement thérapeutique de la BCE : peut-on, me demandait-il récemment, faire baisser l’euro sans toutefois réduire les taux d’intérêt d’intervention? La réponse est assez clairement négative, mais c’est la question qui est révélatrice : pourquoi la banque centrale européenne refuserait-elle toute baisse de ses taux d’intérêt ? Pour prévenir un regain de l’inflation dira-t-on. Mais en tout état de cause une baisse du change relativement au dollar, même obtenue sans baisse du taux d'intérêt si cela était possible, aurait le même type d’effet sur le prix. Il faut donc conclure que la BCE a une véritable préférence pour l’argent cher. Pourquoi ? Il y aura une prime pour la meilleure réponse.

Monday, April 21, 2008

Iraq war and subprime crisis

An excellent analysis of American woes is published by Martin Neil Baily (Brookings Institution) in the New York Times (April 20, 2008, Op-Ed Pages). He clearly shows that the war is not a significant factor in the economy’s poor recent performance and the impending recession. The high price of oil is largely the result of strong demand, notably from China and India, pressing against a limited supply, and of the sinking value of the dollar.

The domestic economic problems, on the other hand, are mostly homemade: the responsibilities are shared among borrowers, financial institutions, investment banks and hedge funds, and credit-rating agencies. The Fed and other regulators could have been more reactive starting in 2005 but should not be blamed for present low interest policies which go in the right direction in difficult circumstances.

The war did not contribute either to increase much budget deficits, and government borrowing should have increased interest rates, thus should actually have curbed the housing boom, and not fueled it.

Then, the availability of money from around the world did help finance the housing boom, but it could as well have been directed more to business investment and job creation, absent the mortgage mess.

Let us add that in any case the longest expansion in the recent American history was due to come to an end sooner or later. Maybe the financial crisis should be seen as a typical end-of-cycle phenomenon.

La France est-elle en faillite?

Perspective pour la présidence française de l’Union européenne.

La France surement pas, dont les entreprises et les ménages, dans leur ensemble, ne donnent aucun signe de devoir renier leurs engagements financiers. L’Etat Français alors ? Pas davantage. En effet, que signifie « faillite » ? C’est l’incapacité de trouver des ressources pour effectuer des paiements ou remboursements de dettes légalement exigibles. Rien de tel dans notre cas. La situation actuelle de l’Etat est d’éprouver des difficultés à continuer à accroître, au rythme antérieur, ses dépenses, compte tenu de résistances de plus en plus fortes à un alourdissement supplémentaire des impôts (du fait de l’ouverture de l’économie française sur l’extérieur d’une part, et en raison d’un ratio de prélèvements obligatoires sur le Pnb qui atteint des records et n’est plus dépassé que par celui de la Suède). Mais il est évidemment possible d’une part de ralentir la croissance, voire de réduire le niveau absolu, des dépenses publiques, et c’est pourquoi le gouvernement, par la voix du Premier Ministre, cherche à dramatiser la situation, de façon à faire accepter cette « austérité » potentielle. Le terme « Austérité » est ici mis entre guillemets car il ne s’agit pour l’instant que d’un ralentissement, potentiel, et qui ne concerne que les fonctionnaires et non l’ensemble de la population.

Ajoutons que ces dépenses supplémentaires qu’il s’agit de freiner ne sont nullement « légalement exigibles » : elles dépendent totalement de choix gouvernementaux, économiques et politiques. Enfin, il reste à l’Etat la possibilité réelle d’emprunter davantage pour financer des dépenses supplémentaires. A un peu plus de 60% du Pib, la dette publique française n’atteint pas des niveaux prohibitifs et plusieurs pays européens sont beaucoup plus endettés que nous. En la matière, l’Euro facilite d’ailleurs la tâche des gouvernements dépensiers car les emprunts d’un seul pays comme la France ne suffisent pas à affecter les perspectives de monétisation de l’ensemble de la zone euro, et n’ont donc guère d’impact sur le taux de change. De ce fait, un Etat national peut emprunter beaucoup plus en étant membre de la zone que s’il avait une monnaie indépendante, et ce sans payer de surprime d’intérêt. L’euro est un instrument de facilité pour les finances des Etats (d’où peut-être sa popularité dans les milieux politiques).

Comme d’autre part la population va vieillir sensiblement dans les années qui viennent, ce qui devrait augmenter les taux d’épargne, les possibilités d’emprunt s’en trouveront encore accrues. Gageons que les gouvernements en useront.

Cela ne veut pas dire qu’il est bon d’accroître encore les dépenses publiques, qui sont trop élevées en comparaison de ce que font nos voisins ayant des niveaux de vie comparables, et qui ont, comme toutes les autres dépenses, de rendements décroissants. Il faut certainement réduire la consommation de l’Etat et plus encore celles des administrations publiques diverses qui prélèvent ensemble largement plus que la moitié du revenu national. Mais le prétexte de la « faillite » ne tient pas, et la renonciation à l’emprunt plutôt qu’à l’impôt, faite pour satisfaire les autres pays membres de l’Eurozone, ne correspond pas à notre plus grand avantage national. Il vaut mieux aujourd’hui réduire les impôts sur le travail plutôt que de satisfaire à des critères d’emprunt qui n’ont pour but que de défendre la valeur de change de l’euro, qui est déjà beaucoup trop cher pour le bon fonctionnement de nos économies.

Thursday, April 10, 2008

Nothing new under the sun.

“The Prehistoric Origins of European Economic Integration” is the title of a brilliant working paper by George Grantham, a history professor at MacGill University. Grantham shows that archaeological and documentary evidence indicates that a specialized and integrated classical economy emerged after 500 BC in the European space. When the Romans occupied Spain, Gaul, North Africa, Germany and Pannonia in the second and first centuries BC, they acquired territories that in varying degrees had been trading with each other and with the outside world for centuries. But at the time, no common political authority had been necessary to achieve that result.

Euro : avis de gros temps.

The Economist (April 10th 2008, rubrique “Charlemagne”) titre sur: « Danger ahead for the mighty euro”, et ajoute: “Euro-zone economies face external woes and internal tensions”. Selon l’hebdomadaire, les économies européennes n’échapperont pas aux ralentissements américain et britannique conjugués, surtout avec un Euro que beaucoup jugent surévalué. Mais le choc serait alors beaucoup plus pénible pour les pays méditerranéens que pour l’Allemagne et les pays du nord de l’Europe. Dans ce cas la zone euro se révèlerait clairement comme n’étant toujours pas (encore ?) une zone monétaire optimale. Conclusion : « the demonstration may not be a pretty one ».