Un lecteur de Toronto me signale un très intéressant article paru sur le sujet dans le Financial Post du 27 avril (« Banks place their bets », http://www.national post.com). Apparemment beaucoup de banques canadiennes restructurent spontanément leurs activités en donnant massivement la priorité à la banque de détail et en abandonnant très largement leurs activités de banque d’investissement. Mais d’autres au contraire comme la Royal Bank of Canada en profitent pour se saisir de parts de marché dans la banque d’investissement, allant jusqu’à en tirer 40 % de leur revenu en 2009. Selon Gord Nixon, CEO de cette banque, un partage du type 75/25 entre les parts du chiffre d’affaires allant à la banque de détail et celle de la banque d’investissement, constitue un bon « modèle » dans les conditions actuelles.
Le modèle de la banque universelle reste nécessaire soutient également Bill Downe, le CEO de la Bank of Montreal.
L’inconvénient, selon moi, de ce conservatisme, est que la possibilité de franchir à tout moment les bornes d’un équilibre relativement peu risqué entre le « portefeuille » de détail et le «portefeuille » investissement reste totalement ouverte. L'actuelle réduction du risque - imposée par la crise - pourrait bien n’être que temporaire, et de plus elle dépend complètement du bon vouloir des seuls dirigeants bancaires, qui n’ont guère fait preuve, dans un passé très récent, d’une grande capacité à modérer leurs appétits.
Enfin les banquiers, au Canada comme en France, arrivent à passer sous silence, au delà du problème de la diversification risquée, la question tout aussi importante de la trop grande dimension, dans l’absolu, celle qui les met en position d’être « too big to fail », obligeant ainsi les gouvernements à les renflouer en cas de mauvaise gestion.
On croit certes comprendre les sources de cette réticence de la profession: les salaires des managers sont, comme le montrent de nombreux travaux économiques, directement fonction de la dimension des entreprises ….
Wednesday, April 29, 2009
Monday, April 27, 2009
La globalisation n’est pas coupable.
C’est sous ce titre qu’a été traduit en français (La Découverte, 1998) l’ouvrage de Paul Krugman « Pop internationalism » (MIT Press, 1996) qui entendait démontrer que les discours politiques sur la compétitivité des nations, l’équilibre nécessaire des échanges extérieurs, et les effets délétères allégués du libre-échange sur les salaires et le niveau de vie des pays riches, témoignaient d’une ignorance manifeste des faits comme de la théorie économique. Je ne résiste pas au plaisir de citer un passage (p. 130) qui conserve, dix ans après, tout son sel :
« Parfois même, ce que croient tous les gens sérieux est en totale contradiction avec les résultats des meilleures recherches. Par exemple, les plus hauts responsables des pays développés et les journalistes les plus influents s’accordent sur le fait que la coordination des politiques internationales par le biais du G7 est d’une importance capitale si nous voulons sortir de la situation mondiale actuelle marquée par le ralentissement de l’activité. Ils y croient, bien que personne, parmi tous ceux qui ont essayé d’évaluer quantitativement les bénéfices de cette coordination des politiques macroéconomiques, n’ait jamais pu fournir la preuve qu’elle puisse produire des effets positifs significatifs. »
Rien de nouveau aujourd’hui, sauf à ajouter un nouveau forum, le G20, au G7 initial. Et, cerise sur le gâteau, l’auteur qui se classe résolument « à gauche » aux Etats-Unis, conclut son essai par une « critique du nouvel interventionnisme » (pp. 207-215). A méditer dans cette période de néo-néo-interventionnisme triomphant, non parce que ses vertus auraient soudainement été confirmées, mais en raison des crises financières successives que des périodes de croissance réelle exceptionnelle ont induites dans des systèmes bancaires surdimensionnés, politiquement trop puissants, trop cartellisés et prenant trop de risques inconsidérés. Rien de très nouveau là non plus puisque la liste est longue, depuis 150 ans, des crises financières récurrentes intervenant dans les phases de forte croissance.
Il a été souvent souligné que la globalisation n’est pas non plus un phénomène inédit : la première mondialisation s’est en effet développée de 1875 à 1910 comme le rappellent, entre autres, Bruce Greenwald et Judd Kahn dans leur livre récent (Globalization : the irrational fear that someone in China will take your job, Wiley, 2009). Mais la thèse des auteurs va beaucoup plus loin : ils soutiennent que la globalisation n’empêche pas les nations de contrôler individuellement leur destin, qu’elle n’est pas la cause de la disparition de nombreuses catégories d’emplois (moins d’emplois techniques de production et plus d’emplois managériaux et dans les services), ou du fait que les salaires n’aient que peu augmenté dans la période récente, de 2,7 % l’an aux Etats-Unis entre 2000 et 2006 par exemple alors que le coût total du travail augmentait de 6,4 % l’an pendant le même intervalle. Ils écrivent par exemple :
« Jobs in the developed world are not going to disappear because of globalization. Automation has always had a greater impact on gross job losses than trade, and we have lived with automation for more than a century. (…) growth has historically created managerial, professional, and other white-collar jobs for the children of the displaced workers.” (p. 162).
Qui plus est, le point haut de la globalisation des échanges a sans doute déjà été atteint selon les auteurs, parce que ces échanges portent surtout sur les produits industriels, dont la part va décroissant dans la production des pays riches, entre lesquels l’essentiel des échanges commerciaux s’effectue, alors que les services, qui se développent davantage, restent le plus souvent produits localement.
Bien d’autres points sont à citer dans ce remarquable petit livre, notamment la mise en évidence du rôle somme toute modeste des mouvements internationaux de capitaux dans le financement de ce monde globalisé. Deux sous-titres du livre sont parlants : « Foreign direct investment : Not where the action is », et plus loin : « Financial markets and portfolio investment : Not here either ». C’est un sujet sur lequel nous aurons à revenir.
Mais nous pouvons dès maintenant conseiller la lecture de Greenwald et Judd, sans modération. Et ces analyses, précisons-le, sont le fait d’un auteur (Greenwald) qui les a enseignées à l’université Columbia, en commun avec Joe Stiglitz, ce qui ne le range pas a priori dans les rangs des dogmatiques du libre-échange ou des marchés internationaux.
« Parfois même, ce que croient tous les gens sérieux est en totale contradiction avec les résultats des meilleures recherches. Par exemple, les plus hauts responsables des pays développés et les journalistes les plus influents s’accordent sur le fait que la coordination des politiques internationales par le biais du G7 est d’une importance capitale si nous voulons sortir de la situation mondiale actuelle marquée par le ralentissement de l’activité. Ils y croient, bien que personne, parmi tous ceux qui ont essayé d’évaluer quantitativement les bénéfices de cette coordination des politiques macroéconomiques, n’ait jamais pu fournir la preuve qu’elle puisse produire des effets positifs significatifs. »
Rien de nouveau aujourd’hui, sauf à ajouter un nouveau forum, le G20, au G7 initial. Et, cerise sur le gâteau, l’auteur qui se classe résolument « à gauche » aux Etats-Unis, conclut son essai par une « critique du nouvel interventionnisme » (pp. 207-215). A méditer dans cette période de néo-néo-interventionnisme triomphant, non parce que ses vertus auraient soudainement été confirmées, mais en raison des crises financières successives que des périodes de croissance réelle exceptionnelle ont induites dans des systèmes bancaires surdimensionnés, politiquement trop puissants, trop cartellisés et prenant trop de risques inconsidérés. Rien de très nouveau là non plus puisque la liste est longue, depuis 150 ans, des crises financières récurrentes intervenant dans les phases de forte croissance.
Il a été souvent souligné que la globalisation n’est pas non plus un phénomène inédit : la première mondialisation s’est en effet développée de 1875 à 1910 comme le rappellent, entre autres, Bruce Greenwald et Judd Kahn dans leur livre récent (Globalization : the irrational fear that someone in China will take your job, Wiley, 2009). Mais la thèse des auteurs va beaucoup plus loin : ils soutiennent que la globalisation n’empêche pas les nations de contrôler individuellement leur destin, qu’elle n’est pas la cause de la disparition de nombreuses catégories d’emplois (moins d’emplois techniques de production et plus d’emplois managériaux et dans les services), ou du fait que les salaires n’aient que peu augmenté dans la période récente, de 2,7 % l’an aux Etats-Unis entre 2000 et 2006 par exemple alors que le coût total du travail augmentait de 6,4 % l’an pendant le même intervalle. Ils écrivent par exemple :
« Jobs in the developed world are not going to disappear because of globalization. Automation has always had a greater impact on gross job losses than trade, and we have lived with automation for more than a century. (…) growth has historically created managerial, professional, and other white-collar jobs for the children of the displaced workers.” (p. 162).
Qui plus est, le point haut de la globalisation des échanges a sans doute déjà été atteint selon les auteurs, parce que ces échanges portent surtout sur les produits industriels, dont la part va décroissant dans la production des pays riches, entre lesquels l’essentiel des échanges commerciaux s’effectue, alors que les services, qui se développent davantage, restent le plus souvent produits localement.
Bien d’autres points sont à citer dans ce remarquable petit livre, notamment la mise en évidence du rôle somme toute modeste des mouvements internationaux de capitaux dans le financement de ce monde globalisé. Deux sous-titres du livre sont parlants : « Foreign direct investment : Not where the action is », et plus loin : « Financial markets and portfolio investment : Not here either ». C’est un sujet sur lequel nous aurons à revenir.
Mais nous pouvons dès maintenant conseiller la lecture de Greenwald et Judd, sans modération. Et ces analyses, précisons-le, sont le fait d’un auteur (Greenwald) qui les a enseignées à l’université Columbia, en commun avec Joe Stiglitz, ce qui ne le range pas a priori dans les rangs des dogmatiques du libre-échange ou des marchés internationaux.
Friday, April 24, 2009
Classical or « Narrow » Banking ?
Greg Mankiw provides today a link to the Wikipedia entry on « narrow banking”. Here is the beginning of it:
“Narrow banking is a proposed type of bank called a narrow bank also called a safe bank. Ultimately, if adopted widely, this could lead to an entirely new banking system. Narrow banks can, by risk reduction measures designed into the narrow bank, significantly reduce potential bank runs and the need for a deposit insurance provided by the central bank. It is sometimes suggested as an improvement upon fractional reserve banking.
Narrow banking would restrict banks to holding liquid and safe government bonds. Loans would instead be made by other financial intermediaries. That is, the deposit taking and payment activities have been separated from financial intermediation activities. Two different types of banks (financial companies) are needed, one for each activity.”
I think that it would be preferable to return to “classical banking” in which banks would still take deposits and make loans, but would not be allowed to invest in other sophisticated financial instruments and seek high levels of leverage. Other financial institutions could include low risk “narrow banks” investing in government or private high grade bonds, but also hedge funds and other types of funds that could invest their depositors’ money in other, more risky, financial assets, conditional on being submitted to a strict regulation of authorized leverage, that whoulod be publicly advertized. For the latter, caveat emptor …
Such a structure – if not an “ideal financial system” – would be closer to what Laurence J. Kotlikoff (Boston university) and Edward Leamer (UCLA) suggest in today’s Forbes magazine, that of a “Limited Purpose Banking” in which all financial institutions would be transformed into many categories of mutual funds, depending on their specialization in the assets they are allowed to buy.
As a side benefit from such a new structure, one should be reminded that the financial literature has shown that diversified firms are inferior in terms of risk-return mix, to specialized ones.
“Narrow banking is a proposed type of bank called a narrow bank also called a safe bank. Ultimately, if adopted widely, this could lead to an entirely new banking system. Narrow banks can, by risk reduction measures designed into the narrow bank, significantly reduce potential bank runs and the need for a deposit insurance provided by the central bank. It is sometimes suggested as an improvement upon fractional reserve banking.
Narrow banking would restrict banks to holding liquid and safe government bonds. Loans would instead be made by other financial intermediaries. That is, the deposit taking and payment activities have been separated from financial intermediation activities. Two different types of banks (financial companies) are needed, one for each activity.”
I think that it would be preferable to return to “classical banking” in which banks would still take deposits and make loans, but would not be allowed to invest in other sophisticated financial instruments and seek high levels of leverage. Other financial institutions could include low risk “narrow banks” investing in government or private high grade bonds, but also hedge funds and other types of funds that could invest their depositors’ money in other, more risky, financial assets, conditional on being submitted to a strict regulation of authorized leverage, that whoulod be publicly advertized. For the latter, caveat emptor …
Such a structure – if not an “ideal financial system” – would be closer to what Laurence J. Kotlikoff (Boston university) and Edward Leamer (UCLA) suggest in today’s Forbes magazine, that of a “Limited Purpose Banking” in which all financial institutions would be transformed into many categories of mutual funds, depending on their specialization in the assets they are allowed to buy.
As a side benefit from such a new structure, one should be reminded that the financial literature has shown that diversified firms are inferior in terms of risk-return mix, to specialized ones.
Wednesday, April 22, 2009
2009 et 2010
Nouriel Roubini, directeur du RGE Monitor et professeur à NYU, est l’économiste qui a prévu le plus tôt et le plus exactement sa survenance et son évolution dans le temps. Elle figurera dans les annales, selon lui, comme la pire, sur le plan financier, depuis la grande dépression des années 30. Cependant la contraction du commerce international ne sera que la plus grave de la période d’après la seconde guerre mondiale : moins 12 % en 2009.
Le rythme de la contraction de l’économie s’est peut-être un peu ralenti aux Etats-Unis et en Chine où les indicateurs avancés de la production industrielle pourraient avoir touché leur point le plus bas au premier trimestre 2009, mais on n’observe encore rien de tel en Europe ou au Japon. Les économies du G7 vont donc continuer à se contracter tout au long de l’année : moins 1,9 % pour l’économie globale, mais moins 4% pour les économies les plus avancées, le Japon et les pays de l’eurozone étant les plus durement touchés.
Parmi les pays émergents, ce sont les pays d’Europe centrale et orientale qui souffriront le plus tandis que la Chine et l’Inde continueront de connaître une croissance positive de l'ordre de 3 ou 4%.
La reprise globale, qui devra attendre 2010 au mieux, s’annonce molle en raison des pertes que doivent encore apurer les institutions financières comme les ménages.
Le rythme de la contraction de l’économie s’est peut-être un peu ralenti aux Etats-Unis et en Chine où les indicateurs avancés de la production industrielle pourraient avoir touché leur point le plus bas au premier trimestre 2009, mais on n’observe encore rien de tel en Europe ou au Japon. Les économies du G7 vont donc continuer à se contracter tout au long de l’année : moins 1,9 % pour l’économie globale, mais moins 4% pour les économies les plus avancées, le Japon et les pays de l’eurozone étant les plus durement touchés.
Parmi les pays émergents, ce sont les pays d’Europe centrale et orientale qui souffriront le plus tandis que la Chine et l’Inde continueront de connaître une croissance positive de l'ordre de 3 ou 4%.
La reprise globale, qui devra attendre 2010 au mieux, s’annonce molle en raison des pertes que doivent encore apurer les institutions financières comme les ménages.
Monday, April 20, 2009
Le club de la banque classique
Après Paul Krugman, c'est Alain Madelin qui rejoint à son tour le Club de la Banque Classique. Dans un "point de vue" publié par La Tribune de ce lundi 20 avril, il écrit : " La crise financière est avant tout la crise d'une régulation qui a laissé se construire des colosses bancaires trop grands pour qu'on puisse les laisser faire faillite. (..) Les banques commerciales américaines sont sorties de leur métier (..) et se sont lancées dans les métiers des banques d'investissement, à l'instar des banques universelles françaises. (..) elles ont créé des véhicules hors bilan utilisant des leviers d'endettement de 30 ou 40 fois les fonds propres (et plus encore pour les banques européennes)".
Je citais pour ma part, dans l'entrée de ce blog du 15 avril "La faute à l'Amérique", un chiffre de 35 à 1 pour les plus grandes banques européennes contre 20 à 1 pour les plus grandes banques américaines. Et j'ai présenté tout au long du mois cette analyse des responsabilités conjointes des autorités de réglementation et des banques à la fois trop grandes et trop diversifiées ("Pour une finance primitive" le 22 mars,"Break up the banks!" le 3 avril, "Une question de dimension", le 8 avril).
Alain Madelin conclut, comme je le faisais, "Si des banques sont trop grosses pour les laisser faire faillite, il faut en limiter la taille ou les métiers", ce que les lecteurs de ce blog savaient déjà ("Break up the banks!" le 3 avril). C'est, à nouveau, l'avantage de la blogosphère sur la presse papier. Mais il est agréable d'être lu et compris...
Il est dommage cependant que l'auteur ait réduit l'intérêt de l'information qu'il répercute par un titre en forme de clin d'oeil journalistique: "Attention aux réglementations toxiques!". Le problème est beaucoup plus grave et plus fondamental que celui de mauvaises réglementations ou de la réponse du berger libéral à la bergère étatiste: c'est celui de l'avenir d'un capitalisme de collusion qui met en jeu la stabilité de l'économie et favorise la résurgence, à contre courant, des réactions centralisatrices - y compris celles des entreprises -alors que c'est l'incapacité à décentraliser et à évoluer vers un capitalisme concurrentiel - surtout en France et en Europe continentale - qui est à la source du problème (voir la revue Commentaire, hiver 2006-2007, "La crise des capitalisme hiérarchiques").
C'est le problème du futur que des économistes comme Raghuram Rajan (ex "chief economist" du FMI), James Kwak, , Amar Bhidé, ou Simon Johnson, commencent à cerner et analyser: comment aller vers une séparation effective des entreprises et de l'Etat. Un premier constat: les entreprises qui sont trop grandes pour faire faillite sont tout simplement trop grandes pour exister.
Je citais pour ma part, dans l'entrée de ce blog du 15 avril "La faute à l'Amérique", un chiffre de 35 à 1 pour les plus grandes banques européennes contre 20 à 1 pour les plus grandes banques américaines. Et j'ai présenté tout au long du mois cette analyse des responsabilités conjointes des autorités de réglementation et des banques à la fois trop grandes et trop diversifiées ("Pour une finance primitive" le 22 mars,"Break up the banks!" le 3 avril, "Une question de dimension", le 8 avril).
Alain Madelin conclut, comme je le faisais, "Si des banques sont trop grosses pour les laisser faire faillite, il faut en limiter la taille ou les métiers", ce que les lecteurs de ce blog savaient déjà ("Break up the banks!" le 3 avril). C'est, à nouveau, l'avantage de la blogosphère sur la presse papier. Mais il est agréable d'être lu et compris...
Il est dommage cependant que l'auteur ait réduit l'intérêt de l'information qu'il répercute par un titre en forme de clin d'oeil journalistique: "Attention aux réglementations toxiques!". Le problème est beaucoup plus grave et plus fondamental que celui de mauvaises réglementations ou de la réponse du berger libéral à la bergère étatiste: c'est celui de l'avenir d'un capitalisme de collusion qui met en jeu la stabilité de l'économie et favorise la résurgence, à contre courant, des réactions centralisatrices - y compris celles des entreprises -alors que c'est l'incapacité à décentraliser et à évoluer vers un capitalisme concurrentiel - surtout en France et en Europe continentale - qui est à la source du problème (voir la revue Commentaire, hiver 2006-2007, "La crise des capitalisme hiérarchiques").
C'est le problème du futur que des économistes comme Raghuram Rajan (ex "chief economist" du FMI), James Kwak, , Amar Bhidé, ou Simon Johnson, commencent à cerner et analyser: comment aller vers une séparation effective des entreprises et de l'Etat. Un premier constat: les entreprises qui sont trop grandes pour faire faillite sont tout simplement trop grandes pour exister.
Wednesday, April 15, 2009
La faute à l’Amérique …
.. et au capitalisme libéral bien sûr. C’est l’histoire qui se raconte de ce coté-ci de l’Atlantique. Les Français sont depuis longtemps habitués à ces imprécations. Mais récemment même la BBC s’y est essayée en soutenant que les réticences européennes à l’égard des politiques de relance par les déficits budgétaires se justifiaient : pas question de venir au secours d’une économie américaine qui était la première responsable de la crise mondiale (Steve Schifferes, BBC News, March 25, 2009, http://news.bbc.co.uk , March 26, 2009). Le lecteur français de son coté n’aura aucune peine à multiplier les citations qui font porter au « capitalisme excessivement libéral, ou « dérégulé » (néologisme pour « déréglementé », par lequel on sous-entend que la seule régulation d’un système économique qui puisse exister est celle des réglementations étatiques, le marché ne pouvant jamais servir de régulateur, quoi qu’ait pu en penser Adam Smith) le chapeau d’une crise qui ne viendrait in fine que des libéralisations entreprises depuis les années 1980. C’est, selon le WebMemo publié par The Heritage Fondation (No. 2369, March 30, 2009, http://www.heritage.org/Research/Europe.), le nouveau Mythe Européen : la crise aurait été essentiellement américaine, et se serait ensuite répandue par contagion dans le monde entier.
La réalité est sensiblement différente comme l’avait déjà souligné l’hebdomadaire The Economist en octobre dernier (« Lifelines », The Economist, October 9, 2008, p.3) . D’abord parce que plusieurs pays européens souffraient depuis longtemps de pertes de compétitivité et d’une croissance très exagérée des dépenses publiques, comme l’Irlande, où elles ont doublé entre 1997 et 2003, et l’Italie qui souffre, selon moi, d’un handicap aggravé de change depuis qu’elle est entrée dans l’euro.
Ensuite parce que le levier des banques européennes (le ratio du total du passif au fonds propres) a largement dépassé celui des banques américaines, atteignant pour les 12 plus importantes d’entre elles 35 à 1 en septembre 2008 contre 20 à 1 aux Etats-Unis (selon un survey du Center for European Policy Studies). Cela entraînait évidemment une plus grande distribution de crédit, bienvenue en Europe où la croissance était médiocre, mais aussi des crédits plus risqués à des entreprises et particuliers moins solides. C’est ce qui explique aussi les bulles immobilières qui n’étaient pas l’apanage des Etats-Unis, mais ont particulièrement affecté la Grande-Bretagne, l’Espagne, l’Irlande, et plusieurs pays d’Europe centrale. Enfin, et il faut que ce soient des Américains qui osent aborder le sujet, le risque moral résultant de l’euro et de la centralisation politique européenne : la monnaie unique a servi de garantie à l’endettement dans des pays à l’économie relativement risquée comme l’Espagne, le Portugal ou la Grèce, ou même à l’Italie. Et de même pour les adhérents d’Europe centrale, en donnant aux investisseurs une fausse impression de sécurité, à l’opposé des risques réels encourus. Ajoutons que la politique relativement restrictive de la BCE a pénalisé les économies en faible croissance et à faible inflation, mais a sur-stimulé celles qui connaissaient au contraire une inflation plus soutenue, car elle déformait les taux d’intérêt réels, les augmentant en proportion pour les premières et les abaissant pour les secondes, à l’inverse exactement de ce qui était souhaitable.
Au total, le Mythe Européen a engendré les Fausses Solutions Européennes. L’ironie de la situation vient aujourd’hui de ce que les Européens proposent de doubler la mise en pariant sur l’intensification des politiques qui ont aggravé chez eux la crise (voir l’article « L’exemple japonais ? »sur ce blog, 9 avril).
Selon les auteurs :
« Le volonté européenne de mettre en place une réglementation globale, ayant mandat pour établir l’équilibre et la stabilité de l’économie mondiale, constituerait un changement décisif qui reviendrait à imposer son propre modèle de croissance faible au reste du monde. La campagne d’opinion visant les « paradis fiscaux » n’est qu’une autre facette des efforts européens pour forcer les autres nations à adopter leur modèle de régimes fiscaux anti-compétitifs et défavorables à la croissance.
Ces propositions centralisatrices marquent un retour au concept d’une « politique unique » qui pourrait convenir à tous, et à la croyance selon laquelle des politiciens et des bureaucrates non élus pourraient, au niveau global, gérer plus efficacement l’économie mondiale ».
Les Européens devraient se demander pourquoi, si ce modèle fonctionne aussi bien qu’ils l’affirment, il n’a pu empêcher l’accumulation des risques systémiques sur leur propre territoire, ni par ailleurs soutenir leur croissance.
Quand aux Etats-Unis, pourrions-nous ajouter, il faudrait enfin que l’on cesse de les considérer comme l’exemple achevé d’une économie intégralement libérale, mais plutôt comme un cas parmi d’autres de capitalisme oligarchique et administré. Certes moins extrême que ceux du Japon, de l’Allemagne ou de la France, ce qui explique que la récession en cours y sera probablement moins profonde, mais administré quand même, comme le montrent les subventions maintenues et alourdies d’année en année à l’industrie automobile, ainsi que le sauvetage des banques – sans vraie réforme de la structure de l’industrie financière – dont les contribuables feront les frais. De tout cela les observateurs européens ne font jamais cas, sauf pour se saisir des exemples d’interventionnisme et de protectionnisme industriel américain pour justifier la poursuite de leurs politiques anti-croissance et anti-compétitives sur une beaucoup plus grande échelle.
En somme, puisque l’Amérique qui est « ultra-libérale » (« par essence » semble-t-il, la meilleure preuve en étant qu’elle s’opposait pendant la guerre froide à l’économie « socialiste » de la Russie) intervient et réglemente, alors nous sommes fondés à intervenir encore beaucoup plus et à donner plus de poids encore à l’économie politisée et administrée, parce que c’est de là que vient en réalité la performance. Logique douteuse dont la conclusion est contenue dans les prémisses.
Ne vaudrait-il pas mieux renverser les termes de la proposition et se demander si un capitalisme un peu plus compétitif et un peu moins oligarchique, plus proche de celui des Etats-Unis et plus éloigné de celui de l’actuelle Russie, ne serait pas de nature à améliorer un peu les performances sur notre continent, alors qu’une sur-bureaucratisation collusive au niveau mondial a toutes les chances, ou plutôt la certitude, de les détériorer davantage ? Après tout les mandarins chinois eux-mêmes ont tiré cette leçon des transformations technologiques de la troisième révolution industrielle. Pourquoi les nôtres ne le pourraient-ils pas?
La réalité est sensiblement différente comme l’avait déjà souligné l’hebdomadaire The Economist en octobre dernier (« Lifelines », The Economist, October 9, 2008, p.3) . D’abord parce que plusieurs pays européens souffraient depuis longtemps de pertes de compétitivité et d’une croissance très exagérée des dépenses publiques, comme l’Irlande, où elles ont doublé entre 1997 et 2003, et l’Italie qui souffre, selon moi, d’un handicap aggravé de change depuis qu’elle est entrée dans l’euro.
Ensuite parce que le levier des banques européennes (le ratio du total du passif au fonds propres) a largement dépassé celui des banques américaines, atteignant pour les 12 plus importantes d’entre elles 35 à 1 en septembre 2008 contre 20 à 1 aux Etats-Unis (selon un survey du Center for European Policy Studies). Cela entraînait évidemment une plus grande distribution de crédit, bienvenue en Europe où la croissance était médiocre, mais aussi des crédits plus risqués à des entreprises et particuliers moins solides. C’est ce qui explique aussi les bulles immobilières qui n’étaient pas l’apanage des Etats-Unis, mais ont particulièrement affecté la Grande-Bretagne, l’Espagne, l’Irlande, et plusieurs pays d’Europe centrale. Enfin, et il faut que ce soient des Américains qui osent aborder le sujet, le risque moral résultant de l’euro et de la centralisation politique européenne : la monnaie unique a servi de garantie à l’endettement dans des pays à l’économie relativement risquée comme l’Espagne, le Portugal ou la Grèce, ou même à l’Italie. Et de même pour les adhérents d’Europe centrale, en donnant aux investisseurs une fausse impression de sécurité, à l’opposé des risques réels encourus. Ajoutons que la politique relativement restrictive de la BCE a pénalisé les économies en faible croissance et à faible inflation, mais a sur-stimulé celles qui connaissaient au contraire une inflation plus soutenue, car elle déformait les taux d’intérêt réels, les augmentant en proportion pour les premières et les abaissant pour les secondes, à l’inverse exactement de ce qui était souhaitable.
Au total, le Mythe Européen a engendré les Fausses Solutions Européennes. L’ironie de la situation vient aujourd’hui de ce que les Européens proposent de doubler la mise en pariant sur l’intensification des politiques qui ont aggravé chez eux la crise (voir l’article « L’exemple japonais ? »sur ce blog, 9 avril).
Selon les auteurs :
« Le volonté européenne de mettre en place une réglementation globale, ayant mandat pour établir l’équilibre et la stabilité de l’économie mondiale, constituerait un changement décisif qui reviendrait à imposer son propre modèle de croissance faible au reste du monde. La campagne d’opinion visant les « paradis fiscaux » n’est qu’une autre facette des efforts européens pour forcer les autres nations à adopter leur modèle de régimes fiscaux anti-compétitifs et défavorables à la croissance.
Ces propositions centralisatrices marquent un retour au concept d’une « politique unique » qui pourrait convenir à tous, et à la croyance selon laquelle des politiciens et des bureaucrates non élus pourraient, au niveau global, gérer plus efficacement l’économie mondiale ».
Les Européens devraient se demander pourquoi, si ce modèle fonctionne aussi bien qu’ils l’affirment, il n’a pu empêcher l’accumulation des risques systémiques sur leur propre territoire, ni par ailleurs soutenir leur croissance.
Quand aux Etats-Unis, pourrions-nous ajouter, il faudrait enfin que l’on cesse de les considérer comme l’exemple achevé d’une économie intégralement libérale, mais plutôt comme un cas parmi d’autres de capitalisme oligarchique et administré. Certes moins extrême que ceux du Japon, de l’Allemagne ou de la France, ce qui explique que la récession en cours y sera probablement moins profonde, mais administré quand même, comme le montrent les subventions maintenues et alourdies d’année en année à l’industrie automobile, ainsi que le sauvetage des banques – sans vraie réforme de la structure de l’industrie financière – dont les contribuables feront les frais. De tout cela les observateurs européens ne font jamais cas, sauf pour se saisir des exemples d’interventionnisme et de protectionnisme industriel américain pour justifier la poursuite de leurs politiques anti-croissance et anti-compétitives sur une beaucoup plus grande échelle.
En somme, puisque l’Amérique qui est « ultra-libérale » (« par essence » semble-t-il, la meilleure preuve en étant qu’elle s’opposait pendant la guerre froide à l’économie « socialiste » de la Russie) intervient et réglemente, alors nous sommes fondés à intervenir encore beaucoup plus et à donner plus de poids encore à l’économie politisée et administrée, parce que c’est de là que vient en réalité la performance. Logique douteuse dont la conclusion est contenue dans les prémisses.
Ne vaudrait-il pas mieux renverser les termes de la proposition et se demander si un capitalisme un peu plus compétitif et un peu moins oligarchique, plus proche de celui des Etats-Unis et plus éloigné de celui de l’actuelle Russie, ne serait pas de nature à améliorer un peu les performances sur notre continent, alors qu’une sur-bureaucratisation collusive au niveau mondial a toutes les chances, ou plutôt la certitude, de les détériorer davantage ? Après tout les mandarins chinois eux-mêmes ont tiré cette leçon des transformations technologiques de la troisième révolution industrielle. Pourquoi les nôtres ne le pourraient-ils pas?
Friday, April 10, 2009
The Classical Banking Club
According to the Financial Times (« Smaller UK banks », April 9, 2009) George Osborne, the conservative shadow chancellor of the Exchequer, “wants to probe whether Britain needs smaller banks. … Presumably referring to the shotgun marriage of Lloyds and Halifax Bank of Scotland, brokered by a desperate government last year, he rightly notes that it would be “a bitter irony if we came out of this crisis with a banking system that was even more concentrated and even riskier that the one we had before it”.”
A good point indeed. Welcome to the Classical Banking Club.
A good point indeed. Welcome to the Classical Banking Club.
Le club de la banque classique
Dans son editorial du New York Times de ce jour, Paul Krugman rejoint le club de la finance primitive (ou encore "de la banque classique") dont j'ai exposé l'analyse sur ce blog le 22 mars ("Pour une finance primitive"). Il reconnait les mérites de Raghuram Rajan, de l'université de Chicago, qui avait annoncé dès 2005 les ravages que la surfinanciarisation à hauts risques développée avec enthousiasme par les milieux bancaires et les ingénieurs de la finance, pouvait causer à l'économie en cas de crise de réajustement. Il ne cite pas Amar Bhidé qui a, le premier me semble-t-il, articulé la thèse d'un retour à la banque "classique", dissociée des autres intermédiaires financiers à stratégies plus risquées. Et il rejoint aussi les auteurs de The Baseline Scenario qui soulignent la nécessité de revenir à des banques de plus petites dimensions, se limitant aux activités traditionnelles de prêt, qui ne disposeraient plus d'appuis politiques massifs, et qui ne seraient plus "too big to fail".
Le club de la banque classique devrait attirer de nouveaux adhérents chez les économistes dans les mois qui viennent.
Le club de la banque classique devrait attirer de nouveaux adhérents chez les économistes dans les mois qui viennent.
Thursday, April 9, 2009
La dimension à la française
Je reçois la « Note de veille » n° 131 de 2009 (avril) du Centre d’analyse stratégique, un organisme de plus de l’organisation gouvernementale qui, on le sait, n’en est pas avare (http://www.strategi.gouv.fr), note intitulée « Les entreprises de taille intermédiaire : un potentiel d’innovation à développer ? ». J’apprends que ces « ETI » sont désormais « dotées d’un statut officiel » et elles doivent, à ce titre je suppose, bénéficier d’un milliard d’euros de prêts supplémentaires pouvant être garanti par Oséo, autre officine nouvelle de l’action économique dite « stratégique ». Sont définies comme ETI les entreprises comptant entre 250 et 5000 salariés, caractéristique qui leur donnerait, semble-t-il, des capacités particulières d’innovation et un dynamisme supérieur. Cependant, poursuit le rapporteur qui ne redoute pas l’auto-contradiction, « le comportement d’innovation des ETI demeure mal connu » (sic)….
La suite de ma lecture m’apprend que « la création d’un Mittelstand français est devenue une préoccupation politique majeure » et que « l’objectif fixé par le Président de la République (est) de doubler le nombre d’entreprises de plus de 500 salariés d’ici à 2012 ».
Rien de tout cela ne fait sens, à part sans doute le point d’interrogation figurant dans le titre de la note.
En effet la définition de la catégorie en question ne repose sur aucun fondement économique sérieux : pourquoi pas les entreprises employant de 100 à 1500 salariés ? Ou de 500 à 3000 ? Ou encore … etc. Pourquoi faudrait-il alors doubler leur nombre d’ici à 2012 plutôt que le tripler, le quadrupler ou de le diviser par deux ?
Robert Lucas, Nobel d’économie, a montré jadis (« On the size distribution of business firms », The Bell Journal of Economics, 1978) qu’il était certes très improbable que les entreprises bénéficient de fortes économies d’échelle: les travaux en la matière montrent plutôt que les rendements d’échelle sont constants, c’est-à-dire qu’il n’y a pas d’avantage d’efficacité dans la taille elle-même. Dans ces conditions le véritable avantage qu’apporte la plus grande dimension c’est le pouvoir de marché qu’elle autorise à l’égard du consommateur, sur lequel on peut alors prélever une rente de monopole (ou de quasi monopole). Une politique anti-trust qui réduit la dimension des plus grandes firmes et leur pouvoir de marché est alors indiquée car elle ne présente pas d’inconvénients en termes d’efficacité dans la production (les plus petites firmes sont tout aussi efficaces que les plus grandes), mais par contre ces dernières, ne pouvant pas exploiter un pouvoir de monopole ou une influence politique indue, améliorent le niveau de vie des consommateurs. Ainsi, écrit Lucas, « even a clumsy strategy of opposition to mergers and forced dissolutions will lead to beneficial or at worst, harmless, results.”
J’ai montré de plus, dans un livre déjà cité sur ce blog et dans une recherche en collaboration, que la récente révolution de l’information et de la communication (postérieure aux données qu'utilise Lucas dans son article) promouvait l’avantage de plus petites firmes en général en favorisant la réduction de la dimension moyenne, pour toutes les classes d’entreprises.
Dans ces conditions la meilleure politique de la dimension ne peut consister à favoriser telle ou telle dimension particulière, parce que rien ne démontre que la distribution optimale de la dimension des firmes doive présenter un pic particulier pour telle ou telle classe spécifique. Mais comme seules les plus grandes ont la possibilité de disposer d’un pouvoir de marché économique, mais aussi d’un pouvoir considérable sur le marché politique, ce sont celles dont il faut réduire la dimension en priorité.
Les politiques "Mittelstandiennes", qui ne reposent que sur l’imitation irraisonnée découlant de la supériorité alléguée de l’économie allemande, sont ainsi:
a) Fondamentalement injustifiées (pourquoi pas les 600-700 ?).
b) Compliquées et peu efficaces, parce que la complexité des bonifications financières réduit à peu de choses l’avantage qu’elles présentent pour l’entreprise, notamment parce qu’elles ne présentent aucune garantie de durée.
c) En contradiction avec toutes celles qui favorisent les plus petites firmes, et avec tous les appuis politiques qui favorisent la croissance des très grandes, ou encore avec les dispositifs d’aides visant à créer, nous dit-on, des « champions européens », à l’ancienne.
Bref, c’est le genre d’intervention qu’adore Bercy, qui ne comprend jamais la notion de prix ou d’avantage relatif : donner aux uns comme aux autres (« saupoudrer » en d’autres termes), cela revient à ne pas choisir de politique et à ne rien changer, ou presque, dans le meilleur des cas.
J’écris « presque » parce que, au passage, le volume total des interventions publiques a bien changé, en plus, et a donné aux fonctionnaires plus d’emplois pour eux-mêmes et plus de pouvoir sur la machine économique. « Presque » également, parce que le développement de la machine administrative et des subventions se fait au détriment du contribuable, donc au détriment de l’emploi et de la croissance.
Il y a en réalité une solution beaucoup plus simple et mieux fondée pour développer de plus petites entreprises: laisser les plus grandes faire faillite, ou les laisser réduire spontanément leurs dimensions, au lieu de leur apporter systématiquement des aides d’Etat, et pousser au contraire à leur fragmentation par une politique de la concurrence agressive et digne de ce nom.
Cela au moins ne coûtera pratiquement rien au contribuable. Bien au contraire, cela supprimera à la fois des usages inefficaces de ressources en capital et en travail dans les entreprises, et le coût des multiples bureaucraties publiques destinées à subventionner telles et telles catégories d’entreprises clientes.
Ce ne serait pas nouveau objectera-t-on, et une autorité de la concurrence existe déjà. Mais on peut encore, la concernant, se référer à ce que disait Louis Armand à propos du comité Rueff-Armand, créé – en principe - pour intensifier la concurrence et supprimer ainsi les obstacles à la croissance : « nous étions partis pour chasser l’éléphant, mais on ne nous a autorisés qu’à tirer le lapin ».
Les éléphants eux – et le mammouth – sont toujours bien là, et ce ne sont pas quelques milliards de plus pour une catégorie intermédiaire évanescente qui vont les mettre en péril.
La suite de ma lecture m’apprend que « la création d’un Mittelstand français est devenue une préoccupation politique majeure » et que « l’objectif fixé par le Président de la République (est) de doubler le nombre d’entreprises de plus de 500 salariés d’ici à 2012 ».
Rien de tout cela ne fait sens, à part sans doute le point d’interrogation figurant dans le titre de la note.
En effet la définition de la catégorie en question ne repose sur aucun fondement économique sérieux : pourquoi pas les entreprises employant de 100 à 1500 salariés ? Ou de 500 à 3000 ? Ou encore … etc. Pourquoi faudrait-il alors doubler leur nombre d’ici à 2012 plutôt que le tripler, le quadrupler ou de le diviser par deux ?
Robert Lucas, Nobel d’économie, a montré jadis (« On the size distribution of business firms », The Bell Journal of Economics, 1978) qu’il était certes très improbable que les entreprises bénéficient de fortes économies d’échelle: les travaux en la matière montrent plutôt que les rendements d’échelle sont constants, c’est-à-dire qu’il n’y a pas d’avantage d’efficacité dans la taille elle-même. Dans ces conditions le véritable avantage qu’apporte la plus grande dimension c’est le pouvoir de marché qu’elle autorise à l’égard du consommateur, sur lequel on peut alors prélever une rente de monopole (ou de quasi monopole). Une politique anti-trust qui réduit la dimension des plus grandes firmes et leur pouvoir de marché est alors indiquée car elle ne présente pas d’inconvénients en termes d’efficacité dans la production (les plus petites firmes sont tout aussi efficaces que les plus grandes), mais par contre ces dernières, ne pouvant pas exploiter un pouvoir de monopole ou une influence politique indue, améliorent le niveau de vie des consommateurs. Ainsi, écrit Lucas, « even a clumsy strategy of opposition to mergers and forced dissolutions will lead to beneficial or at worst, harmless, results.”
J’ai montré de plus, dans un livre déjà cité sur ce blog et dans une recherche en collaboration, que la récente révolution de l’information et de la communication (postérieure aux données qu'utilise Lucas dans son article) promouvait l’avantage de plus petites firmes en général en favorisant la réduction de la dimension moyenne, pour toutes les classes d’entreprises.
Dans ces conditions la meilleure politique de la dimension ne peut consister à favoriser telle ou telle dimension particulière, parce que rien ne démontre que la distribution optimale de la dimension des firmes doive présenter un pic particulier pour telle ou telle classe spécifique. Mais comme seules les plus grandes ont la possibilité de disposer d’un pouvoir de marché économique, mais aussi d’un pouvoir considérable sur le marché politique, ce sont celles dont il faut réduire la dimension en priorité.
Les politiques "Mittelstandiennes", qui ne reposent que sur l’imitation irraisonnée découlant de la supériorité alléguée de l’économie allemande, sont ainsi:
a) Fondamentalement injustifiées (pourquoi pas les 600-700 ?).
b) Compliquées et peu efficaces, parce que la complexité des bonifications financières réduit à peu de choses l’avantage qu’elles présentent pour l’entreprise, notamment parce qu’elles ne présentent aucune garantie de durée.
c) En contradiction avec toutes celles qui favorisent les plus petites firmes, et avec tous les appuis politiques qui favorisent la croissance des très grandes, ou encore avec les dispositifs d’aides visant à créer, nous dit-on, des « champions européens », à l’ancienne.
Bref, c’est le genre d’intervention qu’adore Bercy, qui ne comprend jamais la notion de prix ou d’avantage relatif : donner aux uns comme aux autres (« saupoudrer » en d’autres termes), cela revient à ne pas choisir de politique et à ne rien changer, ou presque, dans le meilleur des cas.
J’écris « presque » parce que, au passage, le volume total des interventions publiques a bien changé, en plus, et a donné aux fonctionnaires plus d’emplois pour eux-mêmes et plus de pouvoir sur la machine économique. « Presque » également, parce que le développement de la machine administrative et des subventions se fait au détriment du contribuable, donc au détriment de l’emploi et de la croissance.
Il y a en réalité une solution beaucoup plus simple et mieux fondée pour développer de plus petites entreprises: laisser les plus grandes faire faillite, ou les laisser réduire spontanément leurs dimensions, au lieu de leur apporter systématiquement des aides d’Etat, et pousser au contraire à leur fragmentation par une politique de la concurrence agressive et digne de ce nom.
Cela au moins ne coûtera pratiquement rien au contribuable. Bien au contraire, cela supprimera à la fois des usages inefficaces de ressources en capital et en travail dans les entreprises, et le coût des multiples bureaucraties publiques destinées à subventionner telles et telles catégories d’entreprises clientes.
Ce ne serait pas nouveau objectera-t-on, et une autorité de la concurrence existe déjà. Mais on peut encore, la concernant, se référer à ce que disait Louis Armand à propos du comité Rueff-Armand, créé – en principe - pour intensifier la concurrence et supprimer ainsi les obstacles à la croissance : « nous étions partis pour chasser l’éléphant, mais on ne nous a autorisés qu’à tirer le lapin ».
Les éléphants eux – et le mammouth – sont toujours bien là, et ce ne sont pas quelques milliards de plus pour une catégorie intermédiaire évanescente qui vont les mettre en péril.
L’exemple japonais ?
L’administration Obama s’inspire-t-elle – malheureusement – du précédent japonais dans le traitement de la crise financière ? C’est la crainte qu’exprime Adam S. Posen sur le site du Peterson Institute le 8 avril (http://www.petersoninstitute.org). Selon lui, le plan du Secrétaire d’Etat au Trésor Geithner publié le 23 mars dernier ressemblerait de très près aux mesures inefficaces retenues par le Japon pour enrayer la crise bancaire des années 90 : rachats surpayés d’actifs toxiques sans même que les banques se voient imposer des conditions de gestion plus strictes. Ce n’est qu’après des échecs répétés de ces tentatives (coûteuses pour les contribuables) que les autorités ont finalement procédé aux injections de capital nécessaires, assorties d’amortissements d’actifs et de fermetures d’établissements financiers insolvables.
Pour Posen le plan actuel du Trésor peut éventuellement réussir, mais plus probablement il ne le fera que dans le court terme et il faudra bien en venir par la suite à une solution plus radicale.
En somme, en rapprochant cette analyse de celles résumées hier sur ce blog, engagés sur la voie d'une "demie dépression des années 30" (Krugman), bien moins grave que l'originale en termes de production comme en termes de chômage, les Etats-Unis pourraient néanmoins s'orienter, faute de politique assez rigoureuse, sur une trajectoire "à la japonaise" pour la suite.
Pour Posen le plan actuel du Trésor peut éventuellement réussir, mais plus probablement il ne le fera que dans le court terme et il faudra bien en venir par la suite à une solution plus radicale.
En somme, en rapprochant cette analyse de celles résumées hier sur ce blog, engagés sur la voie d'une "demie dépression des années 30" (Krugman), bien moins grave que l'originale en termes de production comme en termes de chômage, les Etats-Unis pourraient néanmoins s'orienter, faute de politique assez rigoureuse, sur une trajectoire "à la japonaise" pour la suite.
Wednesday, April 8, 2009
Discouraging views anyone ?
Then have a look at Mark Thoma’s blog "Economist's View" in which he sums up the paper « A Tale of Two Depressions » by Barry Eichengreen and Kevin H. O’Rourke:
“ … two leading economic historians show that the world economy is now plummeting as it did in the Great Depression; indeed, world industrial production, trade and stock markets are diving faster now than during 1929-30”.
However:
“Paul Krugman has compared the fall in US industrial production from its mid-1929 and late-2007 peaks, showing that it has been milder this time. On this basis he refers to the current situation, with characteristic black humour, as only “half a Great Depression”.”
My reminder:
The Great Depression ran its course over three years, 1929-1932, and lingered on for some more years until WWII. The present story is not finished yet and accordingly it is too early to conclude. Moreover the unemployment figures are nowhere comparable to those of the 30s and wages aren't rising as they were then.
What we can say (with Mark Thoma) and what the authors show is that we are, globally but until now, on the same track, in terms of industrial production, trade, and stock market prices.
“ … two leading economic historians show that the world economy is now plummeting as it did in the Great Depression; indeed, world industrial production, trade and stock markets are diving faster now than during 1929-30”.
However:
“Paul Krugman has compared the fall in US industrial production from its mid-1929 and late-2007 peaks, showing that it has been milder this time. On this basis he refers to the current situation, with characteristic black humour, as only “half a Great Depression”.”
My reminder:
The Great Depression ran its course over three years, 1929-1932, and lingered on for some more years until WWII. The present story is not finished yet and accordingly it is too early to conclude. Moreover the unemployment figures are nowhere comparable to those of the 30s and wages aren't rising as they were then.
What we can say (with Mark Thoma) and what the authors show is that we are, globally but until now, on the same track, in terms of industrial production, trade, and stock market prices.
Une question de dimension
Dans la même perspective que « Break Up the Banks » sur ce blog en date du 3 avril , le débat se développe rapidement grâce notamment à James Kwak ("Does Size Matter ?", « Frog and Toad », et « Big and Small ») sur le blog The Baseline Scenario (http://baselinescenario.com), en particulier le 28 mars.
Le lecteur intéressé peut aussi consulter mon article de la revue Commentaire (Hiver 2006-2007) intitulé « La crise des capitalismes hiérarchiques ». Je voyais surtout ces derniers comme caractéristiques des économies d’Europe continentale et du Japon, mais Simon Johnson, un ancien « chief economist » du FMI, qui écrit aussi sur The Baseline Scenario, publie dans le numéro de Mai de The Atlantic un article intitulé « The Quiet Coup » dans lequel il décrit l’économie américaine comme une structure oligopolistique dans laquelle, tout comme pour les économies émergentes, les grands groupes financiers disposent d’une influence politique disproportionnée et ont en effet pris le contrôle du gouvernement qui est censé être leur régulateur. On retrouve là la thèse de George Stigler, l’un des premiers Nobels de Chicago, sur la théorie de la capture des régulateurs publics par les intérêts qu’ils sont chargés de surveiller.
Cette analyse n’est évidemment pas sans conséquences pour les politiques de sortie de crise : alors que les autorités et la plupart des commentateurs se polarisent sur la recapitalisation des banques (implicitement à dimensions inchangées) et sur la multiplication de réglementations nouvelles, il se pourrait que la mesure la plus efficace soit une réduction générale de la dimension de ces énormes entreprises,et de leur respécialisation, ce qui correspond à la fois au downsizing nécessaire dans une économie d’information (Le second vingtième siècle, Grasset 2000) et à la présomption d’inefficacité qui découle de la thèse de la capture.
Les firmes en place, trop grandes pour les conditions actuelles de l’économie et des marchés, absorbent alors trop de ressources en résistant au nécessaire downsizing. Cette résistance pénalise ainsi, par mauvaise allocation de ressources rares en faveur des entreprises les moins efficaces, l’entrée et le développement des entreprises nouvelles et plus petites, et au total finit par freiner brutalement la croissance après des périodes de booms artificiels, lorsque l'artifice ne peut plus être occulté. Johnson voit les crises de ces dernières années, et l’actuelle, dans les pays émergents comme dans les pays les plus développés, comme le résultat de l’étouffement progressif de la création destructrice : en étouffant la destruction on étouffe la création.
Il faut mentionner aussi, dans la même ligne de réflexion, le très intéressant ouvrage de Raghuram Rajan et Luigi Zingales (tous deux de Chicago) : Saving Capitalism from the Capitalists (Princeton University Press, 2003).
On aimerait beaucoup que tous les refondateurs auto-désignés du capitalisme mondial prennent le temps de lire un peu et de réfléchir plus avant à ces analyses. Au lieu de quoi le secrétaire d’Etat aux Affaires européennes, Bruno Lemaire, préconise, selon La Tribune du 8 avril, « une politique économique ambitieuse visant à créer des géants industriels européens capables de résister à la concurrence des pays émergents ». Et ce n'est qu'un exemple parmi beaucoup d'autres. Nous voici revenus au temps du Servan-Shreiberisme et du post-Pompidolisme. Et au fait, que sont devenus les ambitieux « refondateurs » communistes ?
Le lecteur intéressé peut aussi consulter mon article de la revue Commentaire (Hiver 2006-2007) intitulé « La crise des capitalismes hiérarchiques ». Je voyais surtout ces derniers comme caractéristiques des économies d’Europe continentale et du Japon, mais Simon Johnson, un ancien « chief economist » du FMI, qui écrit aussi sur The Baseline Scenario, publie dans le numéro de Mai de The Atlantic un article intitulé « The Quiet Coup » dans lequel il décrit l’économie américaine comme une structure oligopolistique dans laquelle, tout comme pour les économies émergentes, les grands groupes financiers disposent d’une influence politique disproportionnée et ont en effet pris le contrôle du gouvernement qui est censé être leur régulateur. On retrouve là la thèse de George Stigler, l’un des premiers Nobels de Chicago, sur la théorie de la capture des régulateurs publics par les intérêts qu’ils sont chargés de surveiller.
Cette analyse n’est évidemment pas sans conséquences pour les politiques de sortie de crise : alors que les autorités et la plupart des commentateurs se polarisent sur la recapitalisation des banques (implicitement à dimensions inchangées) et sur la multiplication de réglementations nouvelles, il se pourrait que la mesure la plus efficace soit une réduction générale de la dimension de ces énormes entreprises,et de leur respécialisation, ce qui correspond à la fois au downsizing nécessaire dans une économie d’information (Le second vingtième siècle, Grasset 2000) et à la présomption d’inefficacité qui découle de la thèse de la capture.
Les firmes en place, trop grandes pour les conditions actuelles de l’économie et des marchés, absorbent alors trop de ressources en résistant au nécessaire downsizing. Cette résistance pénalise ainsi, par mauvaise allocation de ressources rares en faveur des entreprises les moins efficaces, l’entrée et le développement des entreprises nouvelles et plus petites, et au total finit par freiner brutalement la croissance après des périodes de booms artificiels, lorsque l'artifice ne peut plus être occulté. Johnson voit les crises de ces dernières années, et l’actuelle, dans les pays émergents comme dans les pays les plus développés, comme le résultat de l’étouffement progressif de la création destructrice : en étouffant la destruction on étouffe la création.
Il faut mentionner aussi, dans la même ligne de réflexion, le très intéressant ouvrage de Raghuram Rajan et Luigi Zingales (tous deux de Chicago) : Saving Capitalism from the Capitalists (Princeton University Press, 2003).
On aimerait beaucoup que tous les refondateurs auto-désignés du capitalisme mondial prennent le temps de lire un peu et de réfléchir plus avant à ces analyses. Au lieu de quoi le secrétaire d’Etat aux Affaires européennes, Bruno Lemaire, préconise, selon La Tribune du 8 avril, « une politique économique ambitieuse visant à créer des géants industriels européens capables de résister à la concurrence des pays émergents ». Et ce n'est qu'un exemple parmi beaucoup d'autres. Nous voici revenus au temps du Servan-Shreiberisme et du post-Pompidolisme. Et au fait, que sont devenus les ambitieux « refondateurs » communistes ?
Friday, April 3, 2009
Break up the banks !
Looking for a one paragraph summary of the world financial crisis? Read Joseph Stiglitz’s critical commentary, “Obama’s ersatz capitalism” (New York Times, March 31):
“The main problem is not a lack of liquidity. (…) The real issue is that the banks made bad loans in a bubble and were highly leveraged. They have lost their capital, and this capital has to be replaced.”
One should add: these banks were “too large to fail” and that’s why governments everywhere use taxpayers’ money to bail them out. The question then is, beyond that of technical control of their future operations, should governments allow banks to remain, on average, as big and diversified as they currently are? In that case, a single big financial institution failure will still present a “systemic risk” for the rest of the economy, because the losses would affect a huge number of individual depositors and firms.
Recapitalization is necessary, but breaking up large financial firms in smaller pieces and making “re-specialization” compulsory should have a high priority rank on governments’ agenda. Anti-oligopoly policy anyone?
“The main problem is not a lack of liquidity. (…) The real issue is that the banks made bad loans in a bubble and were highly leveraged. They have lost their capital, and this capital has to be replaced.”
One should add: these banks were “too large to fail” and that’s why governments everywhere use taxpayers’ money to bail them out. The question then is, beyond that of technical control of their future operations, should governments allow banks to remain, on average, as big and diversified as they currently are? In that case, a single big financial institution failure will still present a “systemic risk” for the rest of the economy, because the losses would affect a huge number of individual depositors and firms.
Recapitalization is necessary, but breaking up large financial firms in smaller pieces and making “re-specialization” compulsory should have a high priority rank on governments’ agenda. Anti-oligopoly policy anyone?
Retrouver la croissance du niveau de vie
Mon article sur la contribution - majeure - d’une réforme du financement de la sécurité sociale à l’augmentation du niveau de vie des salariés vient de paraître dans le numéro de printemps de la revue Commentaire, sous le titre
« Comment gagner plus ? ».
Une version préliminaire intitulée « Voulez-vous vraiment gagner plus ? » est disponible sur mon site http://www.jjrosa.com.
Merci à Ivan Rioufol qui le signale à ses lecteurs, ce jour, dans Le Figaro.
« Comment gagner plus ? ».
Une version préliminaire intitulée « Voulez-vous vraiment gagner plus ? » est disponible sur mon site http://www.jjrosa.com.
Merci à Ivan Rioufol qui le signale à ses lecteurs, ce jour, dans Le Figaro.
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