L’analyse la plus complète qu’il m’ait été donné de lire à ce jour sur le sujet est celle de Martin Baily, Robert Litan, et Matthew Johnson de la Brookings Institution (The Origins of the Financial Crisis, Tuesday Novembre 25, 2008).
Pour les auteurs, la crise qui a ravagé les marchés financiers américains et ceux du monde entier depuis août 2007 a trouvé son origine dans une bulle du prix des actifs immobiliers conjuguée à de nouvelles sortes d’innovations financières qui ont masqué les risques ; à des entreprises qui n’ont pas respecté leurs propres procédures de gestion des risques ; et à des autorités de réglementation et de contrôle qui n’ont pas freiné ces prises de risque excessives ni suffisamment suivi le développement des innovations financières en dehors de leur champ de contrôle traditionnel.
Innovations mal maîtrisées, opacité des instruments favorisant des comportements hasardeux motivés par l’appât de gains apparemment faciles, et défaillance ou incapacité des autorités de contrôle qui n’ont pas su non plus évaluer les nouveaux risques ont nourri la bulle jusque dans sa phase terminale.
Mais il y a bien sûr encore beaucoup à expliquer, en particulier la généralité des phénomènes de hausse de prix des actifs à d’autres types d’actifs et à tous les marchés financiers du monde, ainsi que les liens, à ce jour mal compris, avec le ralentissement des autres secteurs d’activité, également dans le monde entier, mais à des degrés divers.
1 comment:
Il y a quelques années, en préparant un mémoire lors de mon DEA à Dauphine, je suis tombé sur un papier de recherche de la Fed de New York publié au début des années 2000. Il expliquait avec grand intérêt que la politique des taux bas conjuguée aux peurs compétitives des banques eu égard au concept de désintermédiation, avait plus qu'incité ces dernières à se diversifier dans des activités nouvelles, à commencer par le négoce de produits dérivés. Il suggérait donc très fortement que les ratios prudentiels soient redéfinis et exprimés en risque de marchés. Malheureusement les recommandations de cet économiste sont restées lettre morte. Dommage...
Il reste aussi regrettable que la faute ne soit jetée qu'aux boucs-émissaires faciles, ceux de premier ordre, les banquiers. Si, désormais, on régarde à juste titre la responsabilité des régulateurs, pourquoi ignore-t-on toujours la responsabilité des ménages ? Ces derniers ont surconsommé par le crédit à outrance et au-delà de toute raison. Quid des autres néophytes de l'immobilier constitués là encore des ménages qui ont activement contribué à cette bulle immobilière. L'immobilier résidentiel était le cœur de cette spéculation immobilière motivée par la volonté de gagner de l’argent par rapport à la location, de se mettre à l'abri, d'épargner pour sa retraite, de payers moins d’impôts etc.
J'ai l'impression qu'on vient de traverser de longues années de fausse croissance car fondée seulement sur la sur-stimulation de la demande, pour le plus grand confort à l'époque des politiciens populistes. Et ce, au mépris de l'investissement productif concentré dans les pays émergents. Si Keynes voulait sauver le capitalisme par des actions précises de court terme sur la demande, sa théorie a été terriblement plagiée et déformée.
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