Perspective pour la présidence française de l’Union européenne.
La France surement pas, dont les entreprises et les ménages, dans leur ensemble, ne donnent aucun signe de devoir renier leurs engagements financiers. L’Etat Français alors ? Pas davantage. En effet, que signifie « faillite » ? C’est l’incapacité de trouver des ressources pour effectuer des paiements ou remboursements de dettes légalement exigibles. Rien de tel dans notre cas. La situation actuelle de l’Etat est d’éprouver des difficultés à continuer à accroître, au rythme antérieur, ses dépenses, compte tenu de résistances de plus en plus fortes à un alourdissement supplémentaire des impôts (du fait de l’ouverture de l’économie française sur l’extérieur d’une part, et en raison d’un ratio de prélèvements obligatoires sur le Pnb qui atteint des records et n’est plus dépassé que par celui de la Suède). Mais il est évidemment possible d’une part de ralentir la croissance, voire de réduire le niveau absolu, des dépenses publiques, et c’est pourquoi le gouvernement, par la voix du Premier Ministre, cherche à dramatiser la situation, de façon à faire accepter cette « austérité » potentielle. Le terme « Austérité » est ici mis entre guillemets car il ne s’agit pour l’instant que d’un ralentissement, potentiel, et qui ne concerne que les fonctionnaires et non l’ensemble de la population.
Ajoutons que ces dépenses supplémentaires qu’il s’agit de freiner ne sont nullement « légalement exigibles » : elles dépendent totalement de choix gouvernementaux, économiques et politiques. Enfin, il reste à l’Etat la possibilité réelle d’emprunter davantage pour financer des dépenses supplémentaires. A un peu plus de 60% du Pib, la dette publique française n’atteint pas des niveaux prohibitifs et plusieurs pays européens sont beaucoup plus endettés que nous. En la matière, l’Euro facilite d’ailleurs la tâche des gouvernements dépensiers car les emprunts d’un seul pays comme la France ne suffisent pas à affecter les perspectives de monétisation de l’ensemble de la zone euro, et n’ont donc guère d’impact sur le taux de change. De ce fait, un Etat national peut emprunter beaucoup plus en étant membre de la zone que s’il avait une monnaie indépendante, et ce sans payer de surprime d’intérêt. L’euro est un instrument de facilité pour les finances des Etats (d’où peut-être sa popularité dans les milieux politiques).
Comme d’autre part la population va vieillir sensiblement dans les années qui viennent, ce qui devrait augmenter les taux d’épargne, les possibilités d’emprunt s’en trouveront encore accrues. Gageons que les gouvernements en useront.
Cela ne veut pas dire qu’il est bon d’accroître encore les dépenses publiques, qui sont trop élevées en comparaison de ce que font nos voisins ayant des niveaux de vie comparables, et qui ont, comme toutes les autres dépenses, de rendements décroissants. Il faut certainement réduire la consommation de l’Etat et plus encore celles des administrations publiques diverses qui prélèvent ensemble largement plus que la moitié du revenu national. Mais le prétexte de la « faillite » ne tient pas, et la renonciation à l’emprunt plutôt qu’à l’impôt, faite pour satisfaire les autres pays membres de l’Eurozone, ne correspond pas à notre plus grand avantage national. Il vaut mieux aujourd’hui réduire les impôts sur le travail plutôt que de satisfaire à des critères d’emprunt qui n’ont pour but que de défendre la valeur de change de l’euro, qui est déjà beaucoup trop cher pour le bon fonctionnement de nos économies.
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